Le 3 août 1908, les 3 frères Bouyssonie ont découvert le premier squelette quasi complet et la première sépulture d’un Homme de Néandertal.
Il a été trouvé dans la grotte « la Bouffia Bonneval » près du bourg de la Chapelle-aux-Saints.
C’est une découverte majeure pour la Préhistoire et pour l’étude de la branche néandertalienne. L’homme de la Chapelle-aux-Saints est une référence mondialement connue de la Préhistoire et un jalon essentiel de l’histoire de l’Humanité.
Le squelette est confié à Marcellin Boule, professeur de paléontologie au Muséum national d’Histoire naturelle. Celui-ci publie une monographie aux retombées très médiatiques : l’homme de La Chapelle-aux-Saints est le chaînon manquant entre l’Homme et le singe. Les journaux forgent alors l’image populaire d’un homme archaïque et bestial.
Entre juin 1984 et avril 1985, le paléoanthropologue Jean-Louis Heim revient sur les conclusions de Marcellin Boule : il repositionne les os du crâne de l’homme de La Chapelle-aux-Saints et prouve une capacité anatomique à posséder un langage articulé. Cette analyse et d’autres permettent d’avancer l’existence d’une vraie vie sociale chez Néandertal.
Abandonnées depuis la découverte en 1908, les fouilles ont repris en 1999. Plusieurs campagnes de fouilles se sont succédées de 1999 à 2012, sous les responsabilités de Thierry Bismuth, Cédric Beauval (société Archéosphère) et William Rendu, menées sous l’égide de la Direction des Affaires culturelles du Limousin et portées par la Communauté de Communes du sud Corrézien avec l’appui de plusieurs financeurs (Conseil Général, Conseil Régional, DRAC, Fonds Leader, mécénat Crédit Agricole).
Un siècle après la découverte de l’homme de la Chapelle-aux-Saints, la question de l’existence de sépultures néandertaliennes en Europe fait encore débat au sein de la communauté scientifique.
Alors que la majorité des préhistoriens considère que des sites comme La Ferrassie ou le Moustier apportent des indices attestant d’inhumations intentionnelles moustériennes, d’autres archéologues remettent en question ces hypothèses jugeant qu’elles s’appuient sur des données issues de fouilles anciennes, aux méthodes trop expéditives et inadaptées. Les recherches menées le long de la falaise de la Chapelle-aux-Saints, et au sein de la Bouffia Bonneval en particulier, s’inscrivent dans ce débat.
Les équipes dirigées par Thierry Bismuth, Cédric Beauval et William Rendu ont abordé le problème en combinant une approche de terrain (reprise de fouilles le long de la falaise) et une approche de laboratoire (réexamen des collections archéologiques des fouilles Bouyssonie et Bardon). Les chercheurs en concluent que la falaise a été fréquentée à la bonne saison par des groupes de néandertaliens en alternance avec des hyènes des cavernes. Les niveaux archéologiques ont ensuite été perturbés par des processus périglaciaires et par l’érosion du talus sous l’influence du cours de la Sourdoire.
Les résultats ont été publié le 16 décembre 2013.
Lien vers la page des PNAS : http://www.pnas.org/content/111/1/81
Au sein de la Bouffia Bonneval, il apparaît que plusieurs groupes de Néandertaliens se sont succédés.
Les premiers sont des chasseurs de rennes et ils ont abandonnés la plupart des vestiges découverts. Mais cette cavité a également été fréquentée beaucoup plus tard par des chasseurs de bisons. Les vestiges laissés par ces occupations sont restés en surface assez longtemps et portent la trace de cette exposition. En revanche, les restes humains découverts en 1908 sont parfaitement bien conservés, ce qui démontre qu’ils ont été enfouis rapidement. Par ailleurs, les os de ce squelette ont été observés en connexion anatomique comme le prouve une photo du crâne prélevé en bloc le 3 août 1908. La redécouverte de la fosse sépulcrale permet d’établir qu’elle n’est pas naturelle mais creusée par l’Homme. Tous ces indices plaident en faveur d’une sépulture. Par ailleurs, des éléments stratigraphiques démontrent que ce squelette ne peut appartenir au premier groupe de chasseurs de rennes mais à un groupe de chasseurs postérieur. Enfin, des restes appartenant à d’autres individus néandertaliens ont été découverts, la Bouffia Bonneval n’est donc pas un tombeau mais plus probablement un site d’habitat.
L’homme de La Chapelle aux Saints est mondialement connu et demeure une référence historique, archéologique et anthropologique. Les préhistoriens et les magazines scientifiques soulignent fréquemment l’importance de celui-ci.

Neanderthal ou Néandertal ?
Les deux écritures existent.
Le nom Neanderthal se décompose en deux parties : « Neander » (nom d’une vallée* de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, près du Düsseldorf en Allemagne) et « thal » (vallée). On le traduit par « Vallée de l’Homme nouveau ». C’est dans cette vallée de Neander qu’a été retrouvé en 1856 le premier spécimen néandertalien, appelé alors Homo Neanderthalensis. Le h est enlevé en 1901 avec une réforme de l’orthographe. Ainsi Neanderthal devient Néandertal. Certains préfèrent garder la première écriture, étant donné que le h est présent dans le nom scientifique Homo Neanderthalensis.
*Cette vallée se nomme Neander en mémoire du pasteur et poète Joachim Neumann (1650-1680). Celui-ci avait choisi comme pseudonyme Joachim Neander (traduction de son nom en grec ancien, qui veut littéralement dire « Nouvel Homme »).
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