Par Marylène Patou-Mathis
Lundi 10 août - 17h30 (au cinéma Uxello à Vayrac)
L’existence du cannibalisme durant la préhistoire est un vieux débat qui a débuté au xixe siècle. Les premiers préhistoriens n’y croyaient pas beaucoup, c’est après la Seconde Guerre mondiale que plusieurs chercheurs l’envisagèrent. Dès lors, de vifs débats s’engagèrent et il devint nécessaire de déterminer les critères permettant de l’identifier. Le cannibalisme n’est pas un comportement archaïque, au sens évolutif, car il est intemporel et universel. Apparu il y a au moins 800 000 ans avec les Homo antécessor, il a été pratiqué par les Homo erectus, les Néanderthaliens et les Homo sapiens. Il devient plus fréquent chez les peuples sédentaires du Néolithique et persiste durant les périodes historiques dans quelques régions du monde (Nouvelle-Guinée et en Amérique du Nord). Le cannibalisme est un phénomène complexe. On distingue deux grands types : l’exo-cannibalisme et l’endo-cannibalisme. Il peut être alimentaire ou rituélique. Les raisons du cannibalisme sont multiples : assouvir sa faim, honorer ou prendre la force vitale ou les connaissances d’un défunt, se venger ou punir un des membres du groupe qui aurait violé un interdit… Il correspond la plupart du temps à une institution sociale aux règles strictes et aux rites complexes avec un ancrage dans le réel et l’imaginaire, s'éloignant ainsi de la nature (du sauvage) pour intégrer la sphère de la culture.
Marylène Patou-Mathis
Directrice de recherche au CNRS, rattachée au Département Homme et Environnement du Muséum National d’Histoire Naturelle (Paris),
Préhistorienne, elle est spécialiste des comportements des Hommes préhistoriques, en particulier des Néanderthaliens et des premiers Hommes modernes en Europe. Elle a publié plusieurs ouvrages scientifiques et rédigé plus de 250 articles dans des revues nationales et internationales. Elle participe à la diffusion des connaissances en tant que conférencière, commissaire d’expositions (dont Néandertal, l’expo, 2018, Musée de l’Homme) et conseillère de documentaires scientifiques et du film AO le dernier Néandertal (de Jacques Malaterre, UGC). Elle a également publié plusieurs ouvrages grand public dont en 2018, Neandertal de A à Z (Allary Ed.), en 2017, Mangeurs de viande. De la préhistoire à nos jours (Ed. Perrin, Collection Tempus), en 2015, Histoires de Mammouth (Eds.Fayard), en 2014, Madame de Néandertal. Journal intime (avec Pascale Leroy, éditions Nil), en 2013, Préhistoire de la violence et de la guerre (Eds Odile Jacob), en 2011, Le Sauvage et le Préhistorique, miroir de l’Homme occidental (Eds Odile Jacob) et en 2010, Neanderthal une autre Humanité (Ed. Perrin, Collection Tempus).
Chargement en cours...